Le sortie de « L’Exorciste » (1973)
1973 : une bande-annonce horrifie les spectateurs de toutes les salles obscures des Etats-Unis. « Une chose, au-delà de la compréhension, arrive à une petite fille dans cette rue, dans cette maison. Un homme lui a été envoyé comme dernier recours pour essayer de la sauver. » Cette introduction suivie par un enchaînement saccadé d’image d’un jeune visage démoniaque en noir et blanc sera considérée par beaucoup comme trop terrifiante. La bande-annonce de L’Exorciste sera vite retirée des cinémas.
La réception de cette bande-annonce ne fait qu’entrevoir l’importance des réactions qu’allait entraîner les premières séances du premier volet de L’Exorciste réalisé par William Friedkin. Quand le film sort, un jour après Noël, en plein Boxing Day, c’est déjà une véritable foule qui s’amasse devant les cinémas, curieuse de découvrir les horreurs cachées derrière cette bande-annonce interdite. Ce public encore néophyte en matière de film d’horreur ne s’attend pas à ce qu’il s’apprête à découvrir.
Dans la salle obscure, une jeune fille est possédé par un démon qui se manifeste à travers des actions stupéfiantes : voix désincarnée, contorsion improbable, lévitation, masturbation avec un crucifix, vomissement… Des agissements aussi violents qui engendrent de véritables réactions physiques violentes des spectateurs, de simples tremblements à l’évanouissement, certains vont jusqu’à quitter la salle . Le public est tout simplement terrifié et sur les nerfs.
Des épisodes qui font enfler la rumeur et la curiosité autour du film, les salles deviennent littéralement assaillies par des spectateurs quête de sensations. Certains cinémas prévoient pour ces projections des sacs de vomi, voire même une assistance médicale réservée aux spectateurs en état de choc. Un spectateur se brise même la mâchoire après s’être évanoui et porte plainte contre Warner Bros contre l’usage présumé d’image subliminale. Les effets du film se prolongent même dans la durée pour certains qui restent passablement tourmentés
Très vite, l’entrée est interdite pour les moins de 16 ans. Le film ne pourra pas être diffusé dans deux villes anglaises où seront vite organisées des « Exorcist Tour », des voyages en car pour visionner le long-métrage dans une ville voisine. En effet, le bouche à oreille et la médiatisation en font un véritable succès commercial, et à sa sortie, le film engrange 193 000 000 $ aux USA et au Canada. Il devient alors la sortie la plus lucrative de tous les temps avant Les Dents de la Mer. Une réussite économique mais aussi artistique car L’Exorciste devient le premier film d’horreur à recevoir l’Oscar de la Meilleur Adaptation et du Meilleur Film. Son impact sur la culture populaire est quant à lui indéniable, tout comme son efficacité encore aujourd’hui.