Quand Kery rencontre Mehdi (1992)

Kery James, l’un des piliers du rap français, s’attèle actuellement à l’écriture de son autobiographie qui devrait sortir en octobre 2015. Si tout le monde se souvient de son « Hardcore » avec Ideal J, on a tendance à oublier les premiers pas de ce groupe de hip-hop alors qu’il n’était encore qu’enfant. C’est à ce moment là, que ce gamin d’Orly fait la rencontre d’un certain Mehdi Faveris Essadi de Gennevilliers, plus tard connu sous le nom de DJ Mehdi. Retour sur la rencontre qui a changé à jamais l’histoire du rap français 

En 1990, à l’âge de 13 ans, Kery James, Teddy Corona, Jessy Money et Selim du 9.4 forment la plus jeune formation hip-hop en France : Idéal J. Des rêves et des textes plein la tête, cette bande de potes se produit sur scène dès qu’elle le peut. Leur musique est bien loin de la conception des boys-band de l’époque. Le groupe d’amis lance son premier véritable single en 1992 avec « La vie est brutale » et commence à se faire connaître. Ils sont à l’époque repérés par MC Solaar, qui amène un nouveau souffle sur le hip-hop français avec son album Qui sème le vent récolte le tempo, notamment. L’artiste est alors à la recherche d’une première partie.

Ideal-J

 

Alors dans une logique d’évolution, Idéal J recherche un beatmaker pour concevoir l’architecture sonore du groupe et un DJ pour les accompagner sur scène. Manu Key, manager mais surtout le « grand frère » de cette bande, présente alors un certain Mehdi Faveris à Kery James. À l’époque, comme les membres du crew, il a 15 ans et est un véritable passionné de musique. C’est la première connexion qui se fait entre les deux artistes grâce au flair de Manu Key. En effet, Mehdi, à la différence des autres membres d’Idéal J qui sont tous originaires du Val-de-Marne et de l’axe Orly-Choisy-Vitry, habite à Gennevilliers (92). Une autre ville, une autre réalité. DJ Mehdi propose alors au groupe quelques instrumentales de sa composition, et le coup de foudre est immédiat. Peu de temps après, la success story du groupe prend de l’ampleur comme l’explique le beatmaker dans le documentaire Si tu roules avec la Mafia k’1 Fry :

«  J’ai vu Kery pour la première fois chez moi et immédiatement après en mars, le 17 mars 1992, c’est marrant que je m’en souvienne, on a fait la première partie de Ministère A.M.E.R. »

À partir de ce jour, il compose, construit, élabore chaque son d’Idéal J. Et comme le confiait le rappeur d’Orly à la chaîne de radio Equinox :

« Idéal J c’est 50 % de Dj Mehdi. Donc quelque part je me sens héritier. Pour l’anecdote Mehdi était un artiste polyvalent il a même rappé sur un morceau qui est resté inédit. »

 

Effectivement, Mehdi a la capacité de se muer en backer. Il a une petite expérience de rappeur avec Different Teep, groupe des premières bases de la Mafia k’1 Fry. De plus, le DJ après sollicitation de Manu Key écrit un couplet sur le titre « Ne perds pas tes amis ». Définitivement, Kery et Mehdi sont unis par cette force entre beats et rap.

 

 

Malgré la force de leur amitié et leur parcours artistique commun, leur chemin se sépare progressivement au tournant des années 2000. Pendant que l’un, Kery James, embrasse la religion musulmane suite à une conversion extrêmement médiatisée ; l’autre s’affranchit du hip-hop et de la Mafia k’1 Fry (tout particulièrement du 113) pour rejoindre le label électro Ed Banger et faire le tour du monde des clubs avec sa nouvelle famille. C’est finalement dans l’univers musical de Kery que s’inscrit le titre « La mort qui va avec », un dernier hommage poignant à DJ Mehdi décédé le 13 septembre 2011.

« De l’insouciance à la tragédie / Ideal J s’est éteint avec DJ Mehdi »

 

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