Tiercé Dans Le Désordre

L’actualité est lourde. Tragique. Pas plus que d’habitude si on la considère par le prisme planétaire. Mais elle est étonnamment proche ce coup-ci. À quelques pâtés de maison si l’on est Parisien. De quoi rendre toutes ces histoires de best of de l’année bien dérisoires. Mais ce qui est dérisoire c’est aussi ce qu’on appelle la légèreté les soirs de fête.

Pour ma part, et de façon totalement arbitraire, j’ai choisi trois personnalités qui ont marqué 2014. J’en oublie beaucoup, et à dessein. Comment rendre hommage à la formidable année d’Anissa Kate? Impossible, j’ai toujours eu du mal à écrire avec une demi molle. Young Thug? Ses jeans sont déraisonnablement serrés, ce serait rompre avec un idéal de vie ou l’espace vital du scrotum est préservé. L’équipe de foot allemande? Perso j’ai toujours pas digéré 39-45.

Alors j’y suis allé de ma petite miscellanée de genres et d’individus. Rassurez-vous il y a du sexe, du foot et du rap. Et même un pote.

 


Acteur Porno de l’Année : Marco Verratti


 

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Parce qu’il a un corps de lâche et la taille d’un habitant de La Comté. Parce qu’il te dribble comme il te sodomiserait sur son canap Roche-Bobois entouré de bougies parfumées. Parce que balle au pied il ne débande jamais. Parce qu’il y a du génie pur dans ses passes au dessus de la défense. Parce qu’il a sans doute fécondé sa femme avec un de ses orteils magiques. Parce qu’il fait des fautes de salopes et qu’il dit que c’est même pas lui juste après. Parce que Pirlo ne jouera pas jusqu’à 50 ans et que Rocco a raccroché les tampons.

Marco Verratti est l’acteur porno 2014. La nature l’a avantagé puisqu’il possède trois pénis: celui entre ses jambes pour les fonctions urinaires et les deux autres dans les pieds pour tout ce qui concerne viol et reproduction. Pour lui l’équipe d’en face n’est composée que d’actrices séronégatives qu’il peut malmener en toute sécurité.

Verratti est positionné juste devant sa défense tel un apollon chétif et turgescent, gardien pugnace de l’élégance balle au pied. Ce chevalier en liquette parisienne ne s’émeut que dans le ballet fluide et précis de la gonfle en cuir. Son touché artistique la frappe tendrement, comme une caresse de dictateur, pour que ses courbes s’affolent et parviennent jusqu’à un partenaire en mouvement. Ce maestro de la conduite de balle n’est jamais aussi proche de l’orgasme que lorsqu’il doit éliminer les attaquants dans sa propre surface de réparation. C’est son moment d’éjaculation pédestre. La beauté de ses pénétrations au milieu de tes reins confine à l’art corporel et tu peux le retrouver en cliquant sur l’onglet Velours d’Italie quand tu navigues sur YouPornSoccer. En de très rares occasions il lui arrive de perdre la balle. Il fulmine alors, vitupère de tout son petit corps de jeune adulte glabre, tacle, reprend la balle, supprime, pénètre et délivre. Un étalon sublime et mécanique qui offre au sport collectif une leçon de fertilité.

Bien sûr il pourrait marquer des buts mais les buts c’est pour les beaufs comme Gignac qui vont boire des bières au café Oz. Lui il prend des cartons à chaque match telle une caillera qui se ferait contrôler par le même keuf au même coin de rue tous les jours.

L’année 2014 a confirmé son inexorable ascension dans l’industrie du divertissement pour adultes et 2015 risque de voir le petit italien se soulager encore plus abondamment sur les croupes des grands championnats européens.

 


Écrivain de l’Année : Ghostface Killah 


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Aaaaah ce bon vieux tête-de-fantôme-tueur, 44 ans le mec. Il n’est pas impossible qu’on le retrouve bientôt en gériatrie à réciter Supreme Clientele d’une seule traite devant une infirmière fan de Bruno Mars… Mais en attendant il continue de déclamer de vrais seize mesures emmitouflés dans des instrus aux teintes soulful.

Parce que Tony Starks (un de ses alias) aurait pu lâcher l’affaire et laisser l’estrade aux Rich Homie Quan et autre Young Thug. Mais non, le gars s’obstine, utilise toute sa graisse de quarantenaire pour bloquer la porte de son sanctuaire proche de céder sous les coups de boutoir de la vigoureuse jeunesse. Peut-être considère-t-il qu’il y a une certaine idée originelle du rap à défendre? Peut-être qu’il arrivait en fin de droit au Pôle Emploi de Staten Island? Tout est possible.

En tout cas Ghost Deini, un autre de ses surnoms, éclate la concurrence à la sortie de son album, 36 Seasons, le 9 décembre 2014. Le problème c’est que la concurrence en question n’est autre que son propre groupe de seniors, le Wu-Tang Clan. Mais là où le crew se plante complètement avec une direction artistique étrange et édulcorée, Ghostface nous gratifie d’un album concept articulé autour d’un personnage de fiction, Tony, qui rentre dans son quartier d’origine après une absence de 9 ans (36 saisons). Il cherche à reconquérir son amour de l’époque, Bambou, mais il fallait s’y attendre, la petite friponne a remplacé Tony par un autre raclo. D’autres personnages interviennent dans ce conte hip-hop et sachez qu’ils sont interprétés au micro par des sommités tels que AZ (en grande forme), Kool G Rap (proche de la ménopause mais toujours affûté) ou encore Pharoahe Monch. L’habillage musicale, classe et acoustique, est l’oeuvre du band The Revelations.

Je vous recommande chaudement de vous procurer ce roman sonore, il y flotte une odeur de cuisine de grand-mère qui ravive des sensations oubliées. Et pour peu que vous respectiez des traditions ancestrales et désuètes, vous pouvez vous procurer la copie physique du disque qui compte un livret en bandes dessinées. Bref Ghostface Killah fait du bien au rap, à la musique, à la littérature, à la planète, bref à la voie lactée.

 


Ballon d’Or : Un pote à moi 


 

PHINE

Comme tout le monde j’ai plein de potes qui mériteraient un peu de considération publique. Leurs bons mots, leur humanité, leur singularité, leur résistance à l’alcool… Mais moi j’ai un pote que vous n’avez pas. Une énigme superbe, un être à part. Je ne peux révéler son nom, deux gros contrats sont en cours de renégociation avec ses équipementiers (Louboutin & Quechua). Appelons-le, sans doute à son corps défendant, Honoré.

« Il serait bien peu de choses si je pouvais vous le décrire », c’est vraisemblablement ainsi que Mme De Sévigné me viendrait en aide. Je peux malgré tout tenter d’approcher le phénomène. Pour commencer Honoré tête goulûment trois mamelles que nous les mecs connaissons bien: la musique, les polos et les petites. Pour la zique il a prouvé à plusieurs reprises qu’il pouvait abandonner femmes, enfants, père et mère pour déployer ses grands segments sur la piste de danse en cas de « Dipset Anthem » dans les enceintes. Les polos sont simplement un stigmate de sa coquetterie, et comme il le dit lui-même: « Gars, je suis congolais, j’aime la fantaisie. » Quant aux « petites », c’est le doucereux sobriquet qu’il emploie pour les femmes. Il se passionne pour elles, il cherche leur compagnie, il ne les comprend pas bien, pas plus que nous. Mais il aime leur faire l’amour, et parfois en chaussettes « pour pouvoir s’esquiver plus vite. »

Honoré est magnifique parce qu’il est proche de nous mais dans une autre dimension; une dimension où candeur et simplicité sont des reines choyées. Bien que responsable et mature, un grand enfant gouverne nombre de ses propos et ses interventions sont souvent rafraichissantes car affranchies de la suffisance parisienne et/ou du cynisme ambiant. Il parle français, anglais et araméen. L’araméen, langue morte et biblique, n’apparaît cependant sur ses lèvres qu’après 7 ti punchs. Chacun de ses sourires lève le voile sur une mine d’ivoire. Nous le soupçonnons d’ailleurs d’avoir un nombre de molaires anormalement élevé. Les dents de folie sans doute. Car il est indéniablement un peu fou. De nombreuses anecdotes se télescopent dans mon crâne mais la majorité d’entre elles sont tout bonnement inénarrables. Je m’y risque cependant…

Nous étions à Munich pour un week end et nous nous rendîmes en discothèque en grosse équipe. Bien entendu nous éclusâmes plusieurs bouteilles d’un rhum de facture misérable. Au faîte de notre alcoolémie nous retournâmes le club en exécutant des pogos décomplexés. Puis vint le moment du départ. Je me trouvai à l’extérieur du club, proche de deux jeunes cailleras allemandes entourant une amie affriolante. Honoré déboula en provenance du vestiaire et considéra un instant le trio local. Sans coup férir il s’empara de la jeune fille, la mit sur une de ses épaules et courut vers les bois sombres environnants, son chargement hurlant à la mort dans la langue de Goethe. Ils disparurent tous deux dans la nuit. L’enlèvement ne manquait pas d’innovation et les deux voyous n’esquissèrent même pas un geste de défense. Quelques dizaines de secondes s’écoulèrent puis, du fond des ténèbres boisées, le hurlement de la kidnappée revint à nos oreilles. Honoré, toujours en courant, déposa la jeune femme où il l’avait prise et s’éclipsa. Je riais fort devant cette go bouleversée et de ses potes qui faisaient mine de n’avoir rien vu. Cette habitude de soulever les femmes succédait à celle de courir derrière les noctiliens. De toute évidence Honoré est possédé par l’âme damnée d’un golden retriever amateur de croquettes alcoolisées.

Je n’en dis pas plus, le personnage mérite un roman de Frédéric Dard et un film de Bertrand Blier. Il ne peut être emprisonné par une définition logique, son existence est une incongruité dans ce monde conformiste et aberrant. Honoré, c’est un joueur de cricket qui rafle le ballon d’or France Football 2014.

Illustration : LazyYoug

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