Dix pépites de la Fonky Family classées et racontées par Pone
Ne garder que dix titres de la discographie d’une groupe de légende n’est jamais chose aisée. Classer les dix titres sélectionnés l’est encore moins. Quand le groupe en question s’appelle la Fonky Family et compte Le Rat Luciano, Don Choa, Sat l’Artificier, DJ Djel, Menzo, Fel et Pone dans ses rangs, c’est mission impossible. Heureusement, c’est justement le dernier cité, chef d’orchestre de la FF, qui s’en est chargé pour nous.
Si Dieu veut…, Art de rue, Mode de vie béton style… Le rap français doit beaucoup à Pone. L’architecte du son de la Fonky Family a composé, dans sa modeste carrière, autour de 2000 productions entre 1995 et 2012. Celui qui était l’un des beatmakers préférés de feu DJ Mehdi demeure assurément l’un des compositeurs les plus importants de ce que certains considèrent comme « l’Âge d’Or » du rap en France.
À l’été 2015, Pone, de son vrai nom Guillem Gallart, a annoncé une bien triste nouvelle : l’homme de l’ombre de la Section Nique Tout est atteint de la maladie de Charcot (Sclérose latérale amyotrophique), un trouble neurologique évoluant rapidement et qui attaque directement les cellules nerveuses responsables du contrôle des muscles volontaires (mobilité, respiration, parole…). Le Toulousain, qui a quitté la Ville rose à 19 ans, avec son acolyte Don Choa, pour rejoindre la planète Mars et vivre les années d’or de la FF, est aujourd’hui de retour dans sa région natale pour profiter pleinement de sa famille. Par l’intermédiaire de son compte Facebook, Pone parle de son quotidien, sensibilise les nombreuses personnes qui le suivent à cette maladie incurable qui le ronge et partage tantôt des pépites sonores, tantôt des anecdotes inédites sur l’épopée légendaire de la Fonky Family.
« La durée de vie moyenne avec ma maladie est située entre deux et trois ans, on meurt principalement d’arrêt respiratoire, confie-t-il. Depuis que j’ai fait le mien, je vis sous respirateur par trachéotomie 24h sur 24, je suis donc à l’abri de problèmes d’insuffisance respiratoire. La maladie ne peut donc théoriquement plus avoir ma peau, ce qui est plutôt cool. Par contre elle m’a bien amoché, mais je suis là avec l’essentiel : ma tête et mon coeur. » Pone, apaisé et heureux de vivre, est l’un de ces hommes dont l’existence même est plus qu’un exemple : c’est une inspiration.
En ce début d’année 2018, le compositeur a partagé ses dix morceaux préférés de la Fonky Family, avec les justifications et anecdotes qui vont avec. Un top sans les traditionnels « tubes » de la FF, les « Art de rue », « Mystère et suspense », « Sans rémission » et autres. « Peut-être que je les ai trop entendus », se justifie-t-il. Des tranches de vie extraordinaires qu’il nous a autorisé à regrouper, et diffuser.
10. Fonky Family – Sans titre
« En 1999, nous sommes en pleine bourre. On sort d’une tournée fleuve à guichet fermé, on a reçu notre premier disque d’or et rempli notre premier Olympia. Mais ce qui me marquera le plus, c’est de passer de mecs tricars partout, à mecs les plus cools du monde. Ce titre a été enregistré et écrit dans le petit studio situé au sous-sol de l’immeuble Sony, à l’époque où ils étaient encore avenue de Wagram. J’avais déjà fait le son chez moi, à Belsunce, et je sentais bien qu’il pouvait donner quelque chose d’intéressant. Les garçons ont adhéré de suite et ont commencé à gratter dans la foulée. Comme souvent, c’est Choa qui a ouvert le feu et chauffé les autres avec un couplet que je n’ai pas peur de qualifier d’anthologique. Dès qu’il est sorti de la cabine, je savais qu’on tenait quelque chose de fort, d’autant que le refrain commençait à planner dans le minuscule studio enfumé.
Pour plusieurs raisons plus ou moins valables, nous étions au sommet du beef avec IAM, ce qui se ressentira dans les lyrics comme dans l’intro, faite par Jean, un ami qui connaissait bien l’affaire et qui avait fréquenté IAM. On savait que l’impact ferait mal, mais ils ont réagi comme on doit le faire face à des chiens fous quand on est des ‘sages’ – ils nous ont ignoré. De toute façon, on s’en tapait. Nique tout étant la devise en vigueur. »
9. Fonky Family – Envie de croquer le monde
« Ce titre, sorti en face B du maxi vinyle de ‘Sans rémission’ en 1998, est différent de tout ce qu’on avait fait auparavant. Il dégage une certaine forme de pureté, de simplicité. Ceux qui me connaissent savent bien que ce qui est le plus important pour moi c’est la singularité, la fraîcheur. Je préfère être moyen et original plutôt que super bon et copieur. Et c’est aussi le cas de mon équipe. Vous mixez ça avec ‘être les meilleurs sans se prendre pour les meilleurs’ et vous obtenez la philosophie FF : celle qui crée des morceaux comme celui-là.
À l’époque, certains journalistes, membres de maisons de disques, rappeurs etc. m’ont parfois comparé à de grands producteurs américains. Hormis le fait que c’était exagéré, ça m’a toujours fait chier d’être comparé, même aux meilleurs. Une de mes préoccupations principales étant de lutter contre l’influence que pouvaient avoir sur moi ces producteurs que j’admirais, particulièrement Havoc et RZA. »
8. Fonky Family – Cherche vraiment pas à comprendre
« Je suis super fier de notre premier album, mais on y trouve très peu de morceaux scéniques patate. Et je dois dire que les garçons m’ont déclaré plusieurs fois s’être fait un petit peu chier par moments sur la tournée Si Dieu veut…. Il fallait donc que j’intègre cette donnée dans ma petite tête de producteur. J’aime bien les défis, et à y réfléchir je n’avais qu’un seul banger à mon actif : ‘Sans rémission’. Le morceau ‘Cherche pas à comprendre’ est le fruit de ce défi.
Je dois dire que c’est une de mes grandes fiertés de producteur pour une seule raison : c’était la prod préférée de mon ami, le très regretté DJ Mehdi. Au-delà de l’amitié qui nous unissait, j’admirais son travail et je sais que c’était réciproque. Lors d’une visite chez moi, ma cadence de production le faisant halluciner : il m’avait demandé de lui passer les sons que je n’avais jamais sorti, et il était reparti avec 700 beats dans son disque dur. Quelques années plus tard, je lui rendais visite dans son appartement de Ménilmontant, son iTunes tournait en shuffle et entre les Beatles, Jay Z et Curtis Mayfield, quelle ne fut pas ma surprise d’entendre mes vieux beats. Il me disait alors vouloir les sortir en plusieurs volumes sur son label, Espionnage. J’étais emballé et flatté mais le projet ne verra jamais le jour, malheureusement. Que Dieu te garde, frère. »
7. Fonky Family – La résistance
« On a créé ce morceau pendant l’enregistrement de Si Dieu veut… au studio Cactus, à Marseille. On savait qu’on tenait un concept fort avec ‘nique la musique de France’ : on en avait fait des t-shirts, on le scandait en live mais on n’en avait jamais vraiment fait un morceau. Il aura fallu l’ambiance incroyable qui régnait au studio, euphorique de créativité, pour que ce track voit le jour.
Mais fallait pas se manquer : on devait mettre les petits plats dans les grands. J’avais déjà la boucle principale du son, j’y trouvais quelque chose de spécial, d’inédit. Mais je ne pouvais pas m’en contenter, fallait des trucs en plus. J’ai commencé à chercher ce son de l’intro façon résistance, et sans Internet c’était pas gagné. J’ai ensuite samplé un bout de live où le public criait ‘nique la musique de France’ et c’était bon, je savais que mes gars seraient satisfaits. Je me suis toujours considéré au service de mes rappeurs, encore plus quand je bossais pour d’autres groupes que la FF.
Le Rat et Choa venaient de poser ce qui restera pour moi l’un des meilleurs croisés de l’histoire : de l’énergie pure, un régal. Et on s’est dit qu’il fallait appeler Chill [Akhenaton, ndlr] pour le refrain. Malgré que nos relations ne soient plus vraiment au top, on avait toujours beaucoup de respect et d’admiration pour lui. Tout le monde a immédiatement trouvé l’idée géniale, on l’a appelé, il était ravi : cette admiration était tout à fait réciproque. […] Je considère aujourd’hui que ce morceau fut majeur dans notre parcours comme dans notre évolution. »
6. Fonky Family – Les miens m’ont dit
« L’époque de l’album Art de rue était assez spéciale pour moi. D’abord parce que pour la première fois, je sentais une fissure dans le groupe, les égos étant, à mon sens, à la base de ce problème. Je m’effaçais le cœur lourd. Mais quelque part, ces égos nous ont permis de faire un bon album – je devrais dire de faire des bons morceaux. Je considère cet album comme une suite de morceaux plutôt qu’un véritable album comme le fut Si Dieu veut…, même si j’en suis très fier.
Ensuite, je me retrouvais en concurrence au sein de mon propre groupe, avec l’un de mes meilleurs amis qui plus est. Je ne le perçois comme ça qu’avec le recul : sur le moment c’était plutôt un tirage de bourre dans lequel on s’était jeté avec le Rat. On était en permanence en compétition : jeu d’échecs, cartes, Playstation, flambe etc. On pouvait jouer toute la nuit aux dés en tête à tête. Je me souviens avoir joué sur un seul coup de dés la totalité des cachets de la tournée de Si Dieu veut… avec Fresh du Venin… Bref. Toujours est-il que cette concurrence, si elle fut bénéfique pour le groupe, a brisé le tandem qu’on formait avec Loutch’ : je produisais, il écrivait. Il est un des meilleurs, voire le meilleur rappeur de France, mais je pense qu’il n’est pas assez reconnu en tant que beatmaker : pour moi, il est assurément dans le top 10.
Toujours est-il que ça nous a renforcé, car davantage de diversité dans les beats, le Rat apportant ce côté patate qui me faisait défaut, au grand bonheur des MC qui savaient qu’en live ça péterait. Je pense que c’est en partie grâce à ça qu’on est devenu redoutable sur scène. Mais je pense aussi que ça déséquilibré une certaine alchimie au sein du groupe pour en créer une nouvelle. Meilleure ? Moins bonne ? À vous de juger. Avec le recul j’ai tendance à penser que la première était plus performante mais je me méfie de mon égo, c’est peut-être lui qui parle. »
5. Fonky Family ft. 3ème Oeil – Marseille envahit
« L’hymne underground de Marseille. Depuis un concert qu’on avait donné en plein air à Félix Pyat à l’été 95, on était lié au 3ème Oeil de façon viscérale. C’était l’équipe. Pour la petite histoire, Vincent Cassel était dans le public ce jour-là. Mais à cette époque il n’y avait pas de Vincent qui tenait, on te le prenait à coup de ‘oh Vince !’, La Haine oblige. Il avait kiffé à mort le concert.
Je me souviens plus vraiment de l’élément déclencheur de ‘Marseille envahit’ mais je sais qu’on a tout créé en studio. Je me rappelle avoir laissé tourner le son pendant des heures et, petit à petit, le morceau est apparu. J’aimais beaucoup l’atmosphère, presque mystique, lancinante, et les textes étaient parfaits, les scratchs aussi. Je n’en ai pas beaucoup parlé mais le taf qu’a fait Djel sur cet album est exceptionnel, original, technique, le haut niveau. Comme à mon habitude, les MC ont posé sur une boucle simple et j’ai créé toutes les séquences au mix, aidé par l’automation de la table Neve du Voyageur 2, un studio dans un semi-remorque fraîchement arrivé des prairies d’Irlande après que U2 y ait enregistré. »
4. Fonky Family ft. Kertra & La Mixture – Sans faire couler le sang
« Je vois celui-là comme une fresque. En 1992, je venais de débarquer à Marseille et j’habitais aux Aygalades, dans les quartiers Nord. Je voyais Djel tous les jours au centre-ville et à part lui et Don Choa avec qui j’étais déjà ami depuis le lycée à Toulouse, je ne connaissais pas encore les membres de mon futur groupe. Tout est parti d’un flyer trouvé à la mission locale : ça parlait d’un casting pour intégrer un genre de formation artistique sur deux ans, au centre culturel Mirabeau de Consolat. Pourquoi pas. Pendant qu’on essayait d’improviser des scènes de théâtre, j’aperçois deux silhouettes dans la cour, longues et fines, casquettes, veste de survêt et jeans, dégaines de crapules. C’était Menzo et Le Rat. On dit qu’on n’oublie pas la première rencontre avec les personnages principaux de nos vies : je peux vous dire que c’est bien vrai. Djel, qui les connaissait, me présente Menzo aka Daddy Mammadi, et Christophe aka Don Carmone aka Viking B [Le Rat Luciano]. Nous réussissons tous le casting et quelques mois plus tard, nous partons une semaine dans le Jura avec une vingtaine de jeunes principalement issus des quartiers Nord. On allait rencontrer là-bas deux autres troupes appartenant au même projet national. L’une venait de Vaux-en-Velin l’autre de Mantes-la-Jolie – c’est via cette troupe que j’ai rencontré Kertra, et que nous sommes devenus ami. Dans la même période, on avait fait de Strasbourg notre arrière base et on s’y était liés d’amitié avec Kadaz et Mozart de la Mixture.
Quand s’est posée la question des featurings dans Si Dieu veut…, c’est tout naturellement qu’on les a appelés. Pour la petite histoire, on a mixé le morceau au légendaire studio Miraval, dans l’arrière-pays varois. C’est aujourd’hui la résidence secondaire de Brad Pitt. J’y ai passé les semaines les plus heureuses de ma vie professionnelle, tout y était parfait. Et en plus, je dormais dans le lit de Sade.
Quand le Rat dévoile le titre du track à la fin, tout le morceau devient concret, magique. Je me revois encore derrière le micro à faire les ‘représente’ avec les frères et cette sensation de vivre quelque chose d’important. »
3. Fonky Family – Loin du compte (1999)
« Comme nombre de personnes de ma génération, j’ai été fasciné par le film Scarface. Les premières secondes sont tellement prenantes qu’il m’est impossible de ne pas voir la suite si je tombe dessus, hameçonné comme un gobie. Et la musique y est pour beaucoup : elle est fantastique. Fort de ce constat, je me lançais à la recherche de la B.O. pour le sampler mais sans Internet, ce n’était pas évident. En voulant acheter Murda Muzik de Mobb Deep, je tombe sur la fameuse soundtrack. Bingo !
Je rentre chez moi faire chauffer le sampler. Avant de m’y mettre, je décide quand même de m’écouter le dernier Mobb Deep avec un bon joint. Comme toujours, en écoutant un nouveau disque, je lis les crédits dans la jaquette du CD pour voir qui produit, qui mixe etc. Et à la fin du tracklisting, alors que je ne suis même pas à la moitié de l’écoute, je lis : ‘Contient un sample de Giorgio Moroder.’ Giorgio Moroder étant le compositeur du score de Scarface, donc. Je zappe le CD jusqu’au morceau en question : ‘It’s Mine’, en featuring avec Nas. Et bim, je m’étais fait doubler par Havoc : il avait pris le sample que je convoitais. J’étais dégoûté, c’était mort et inenvisageable de passer derrière lui.
J’écoute quand même la B.O. de Scarface et je bloque sur ‘Push It To The Limits’. Je le boucle dans la minute et le ralentis, j’avais quelque chose. […] Je me souviens de la sensation de puissance qui ressortait dès l’enregistrement du track final : Hors-série, Vol.1 était lancé. »
2. Fonky Family – FF 2000 Trop danger
« J’ai hésité à mettre ce titre en premier. C’est pour moi la quintessence de ce que l’on a pu faire. Ceux qui écouteront ce titre pour la première fois… En fait je les envie. C’est trop.
Le son est simple, efficace, énergique, dur, frais. Pour certains d’entre vous, il pourra paraître sec, banal. Mais c’est tout le rap que j’aime, cru. […] C’est la violence, des couplets stratosphériques ; quelle fierté d’avoir travaillé avec des MC aussi talentueux. Flow, technique, textes, thème, punchlines, émotions, énergie, tout est là. Je suis d’ailleurs obligé de m’arrêter sur le monstrueux couplet du Rat et je pose une question, sérieusement : qui peut le tester dans ce registre ? Je vais même plus loin, qui peut le tester internationalement ? Ce n’est certainement pas la plus grande carrière, mais c’est assurément le plus grand à l’avoir fait en France, comme Ronaldinho ou Tyson ont été les meilleurs sans être reconnus comme les plus grands. Sa première qualité, à mes yeux, est son hyper sensibilité. Découle de ça une immense passion pour la musique et le rap en particulier, doublée d’une hyper activité : voilà la recette de ce qu’on appelle le talent, travail et passion. Je pense que personne n’a jamais représenté ceux d’en bas de la sorte : prolétariat, quartiers populaires, bref la zone. Nous contre eux. »
1. Fonky Family – Tu nous connais
« J’aime ce morceau d’amour. Il me rappelle la réalisation d’un rêve. On attendait de faire cet album [Si Dieu veut…] sans vraiment y croire malgré qu’on ait signé chez Côté Obscur. C’était tellement beau, mais ça tardait à venir. […] Ce soir de printemps 97, nous étions en concert à Montpellier. Je me rappelle d’ailleurs que le Rat s’était ouvert la main en tapant dans un pot de fleurs ce soir-là : la cicatrice formait un ‘M’ comme ‘Marseille’. À l’époque, ce n’était pas encore Fafa notre manager mais François d’IAM, alias Kephren. À la fin du concert, il reçoit un coup de fil : ‘Mario Rodriguez [ingénieur du son légendaire de New York] est dans l’avion’, me dit-il en raccrochant. Le lendemain, nous sommes en studio pour attaquer l’album.
Mario avait travaillé pour Notorious BIG et Mobb Deep, entre autres. C’était surtout un ingé de mix et l’avoir pour nous enregistrer était un luxe absolu. C’était un monument, et la façon dont il nous a pris au sérieux a changé la donne. Je pense qu’on s’est tous dit dans nos têtes : ‘Là ça rigole plus.’ Il était très investi : il passait son doigt sur les magnétos à bandes à la recherche de poussières, façon adjudant-chef qui inspecte une piaule de troufion. Je l’entends encore appeler Christian, le patron des lieux, qui débarquait de son bureau médusé pour se voir coller sous le nez un doigt de colombien avec trois résidus de bande magnétique dessus. ‘Ça pas bon Cwistian’, lui lançait-il sympathiquement mais fermement. J’ai commencé à sympathiser avec Mario qui deviendra un ami. Il s’est tellement bien adapté au groupe que lorsqu’il est arrivé à Marseille, alors qu’il avait arrêté de boire et de fumer neuf ans auparavant, il a tout repris.
L’instru de ‘Tu nous connais’ est l’une des instrus dont je suis le plus fier. Je me souviens très bien quand j’ai trouvé le sample : un morceau de Barry White archi connu des beatmakers et samplé plusieurs fois déjà. Mais personne n’avait été jusqu’au bout du track, car c’est à l’extrême fin que se trouve la boucle magique. Vu que j’habitais avec Choa et Djel, c’était souvent les premiers à écouter les sons et j’ai suggéré le thème ‘maintenant tu nous connais’ qui a plu et c’était parti. Il était rare qu’une journée se passe sans que les autres membres du groupe ne passent chez nous, et le morceau est né comme ça, parmi tant d’autres, simplement. En une après-midi, dans ma chambre.
On réfléchissait beaucoup sur les structures des morceaux à cette époque, ce qui nous a malheureusement quitté avec les années. On ne voulait pas faire que des ‘couplets refrain couplets refrain’, et on s’est dit que d’enchaîner tous les couplets et de coller le refrain à la fin serait cool. Ça collait avec le thème : tu nous as tous écoutés, et maintenant tu nous connais. »