Yannis Gold
À quel moment et pourquoi as-tu commencé à supporter le PSG ?
J’ai commencé à supporter le PSG au début des années 90 quand Canal + a repris le club. C’est vraiment là que l’histoire d’amour a commencé. En tant qu’enfant de Canal Plus, je m’identifiais aux valeurs que le groupe pouvait amener à ce club et évidemment il l’a emmené vers ce que j’aime dans le foot : du spectacle, des paillettes, des beaux recrutements comme Ginola et Weah. De plus l’équipementier était une de mes marques préférées.
Quel est ton premier souvenir de supporter ?
Encore en rapport avec Canal +, c’est l’imbroglio concernant le transfert de Jurgen Klinsmann qui devait arriver au PSG, et la venue de George Weah à la place (en 1992 ndlr). Weah était pour moi et il est toujours pour moi une des plus grandes stars du football : Ballon d’Or africain etc… Ce n’est pas un souvenir de stade, mais plutôt de projection, de rêve.
Comment définirais-tu ta relation avec le PSG ?
C’est une histoire d’amour et de passion. C’est un peu comme la plus belle de tes maitresses ; la capricieuse, la diva, qui te fait à la fois des sales coups que tu ne digèrent pas mais qui peut aussi t’apporter les plus beaux jours de ta vie.
Quelle est ta réaction après la victoire et une défaite ?
Les victoires ou les défaites du PSG dictent un peu ma semaine, c’est un peu comme un horoscope. Le dimanche soir, un match nul ou une défaite, c’est une semaine pourrie. Une belle victoire ou une victoire grandiloquente en Champions League, c’est le mois qui est ensoleillé, même en hiver, même s’il neige ! C’est un baromètre d’humeur, ton club c’est quelqu’un qui t’accompagne dans ta vie.
Quel est l’objet ou le symbole qui définit le plus ta passion pour ce club ?
Je n’irais pas jusqu’à me tatouer, pour moi c’est plus mental. Je n’ai pas de talisman particulier, si ce n’est un maillot de temps en temps ou m’acheter une figurine comme un enfant de 40 ans.
Comment ton entourage subit ta passion ?
Ils n’ont pas le choix, ils l’acceptent. Le PSG a aujourd’hui plutôt bonne presse, même tes copines peuvent apprécier le PSG, il n’y a rien de honteux à cela. Le football a changé, ça en devient même sexy. Combien de copines me parlent de Zlatan comme un objet sexuel ou un fantasme sur lequel elles se projettent. Non il n’y a pas vraiment de soucis, c’est même devenu un atout.
Quelle est la plus belle ambiance de stade que tu aies vécu ?
J’ai adoré le but de Pastore l’an dernier contre Chelsea. J’ai eu de la chance, ça s’est passé devant ma tribune. C’était une ambiance extraordinaire ! J’ai trouvé ce soir-là un Parc qui n’avait jamais autant vibré et j’ai eu quelques frissons. Après grâce à mon métier, j’ai eu la chance de suivre pendant trois mois le PSG. J’étais sur la pelouse du Parc quand j’ai vu se dérouler devant moi l’action de Lucas contre l’OM. J’ai aussi pu voir le Parc du toit… J’ai des souvenirs tellement variés dans ce stade. Je ne suis pas fan du Stade de France, un stade froid, trop ouvert ; je trouve que le Parc est un joyau d’émotion où l’on vibre souvent.
Quel est le chant qui te fait le plus frissonner ?
Le chant qui me fait le plus frissonner c’est : « Ici C’est Paris ». Il n’y a pas plus fort pour moi.
Quelle est l’anecdote la plus insolite que tu aies vécu ?
Elle est très récente. À la suite de la qualification du PSG contre Chelsea, notre groupe de supporters avait anticipé la qualification, et préparé une réaction sous la forme d’une vidéo, que l’on a faite à la suite du match. On a parodié la tragique vidéo montrant des supporters de Chelsea qui avaient refusé l’accès au métro à un Noir à Paris, en faisant également référence à un incident mettant en scène John Terry. On a décidé de se moquer de ce fait avec sincérité. Pour moi, c’est l’anecdote la plus folle car, d’une bande de passionnés qui veulent prouver leur amour au club, on a fini par créer un espèce de buzz qu’on n’a pas contrôlé. Aujourd’hui en tant que supporter, je suis fier de renvoyer cette image de mon club, et d’avoir apporté une pierre à l’édifice qui vaut bien plus que certains actes de supporters décriés dans la presse.
Comment devient-on un 300 ?
On devient 300 en étant parrainé. Pour ma part, c’est Guillaume Salmon qui m’a introduit dans le groupe il y a deux ou trois ans. La personne qui te parraine te rend légitime, et où l’on doit répondre à un test qui prouve ton amour pour le club.
Quelle est ta caractéristique au sein des 300 ?
Moi j’aime bien rigoler, je suis quelqu’un d’assez vivant. Je suis un « Pastoriste » et surtout un « Matuidiste », donc un pro-Matuidi. Quand on dit du mal de Matuidi, ça me fait mal donc je le défends corps et âme. Pour moi il représente tout ce que j’aime chez un footballeur : la grinta, l’amour du maillot et ça me révolte qu’on me dise que ce n’est pas un joueur technique. Et évidemment je ne cite pas Marco Verratti, qui est pour moi un ovni du football, un dieu vivant. C’est plus grand que Zlatan, c’est plus grand que tout pour moi Verratti.
Que représente l’OM pour toi ?
C’est un grand club, un club avec une histoire. Je ne suis pas bête et méchant pour dire simplement l’OM c’est de la merde. J’ai 40 ans, je suis né dans le football, je suis arrivé à Paris à 11 ans. Il y avait un grand club qui s’appelait les Girondins de Bordeaux de Claude Bez avec Tigana, les frères Vujovic, des grands du football. Très vite, il y a eu l’OM de Papin. À l’époque je jouais au football, et on était invité à des matchs du Matra Racing. Quand on regardait les matchs du Matra contre l’OM, on y voyait des joueurs incroyables : Papin, c’était des buts de 25 mètres, Eric Di Meco était phénoménale sur son aile, il a révolutionné un peu le poste. Donc l’OM est un grand club, et moi je fais partie de ceux qui souhaitent que l’OM reste fort pour qu’il y ait une vraie histoire de Classico, que ce ne soit pas qu’une affiche montée par les médias pour faire de l’audimat. Il faut un OM fort et je suis content qu’il soit en haut du classement, ça rend la victoire encore plus forte.
Comment définis-tu l’opposition PSG vs OM ?
C’est deux grands sorciers des médias qui ont créé cette image, moi j’adore l’entertainment, donc ça me plaît. C’est Pierre Lescure, Michel Denisot et Bernard Tapie qui ont monté cette affiche parce qu’il en fallait une. C’était les deux clubs les plus puissants de l’époque, il y avait un diffuseur aussi, tout était parfait.
Quelle est ta plus grande joie lors d’un PSG vs OM ?
Ma plus grande joie est liée à la saison 2002-2003, avec la victoire de Paris 0-3 au Vélodrome avec un Ronaldinho qui leur met une misère, c’était extraordinaire. Je crois qu’on n’y avait plus gagné depuis 1988. Un autre joueur que j’adoube c’est Jérôme Leroy, même s’il a joué à Marseille j’en ai rien à faire. Leroy, c’est un petit gamin de Paris, fan de NTM, qui à chaque but enlevait son maillot pour montrer son amour au groupe. Ce match reste une de mes plus grandes joies car l’OM était très fort à l’époque, mais ce fut une belle fessée, avec un des joueurs les plus fantasques de l’histoire du football.
Quelle est la plus belle victoire d’un PSG vs OM ?
Je crois que c’est celle-là ! C’est une victoire historique, gagner 3 à 0 à Marseille, c’est pas mal. C’est un peu une vengeance des grandes défaites comme celle au retour du sacre européen en 93, on mène 1 à 0 puis tu as Basile Boli qui met un but phénoménal, tu lui demandes cent fois de faire l’action, il ne la met jamais. Cette défaite a fait beaucoup de mal, ce fut un parfait story-telling pour eux.
Quel est le but le plus fort en émotion que tu aies vécu lors d’un PSG vs OM?
Barthez rencontrait à chaque fois un Pauleta extraordinaire. Le geste le plus classe, c’est celui de Pauleta, qui lob Barthez sur une sortie. C’est un geste magnifique. On ne peut pas faire mieux. Tu ne sais pas comment il l’a mise, mais par contre s’il essaye 100 fois ce geste il le réussit 100 fois, là est la différence. Pour moi c’est un des gestes les plus forts.
Quel est le duel de joueur qui t’a le plus marqué ?
Moi j’adore les histoires dans le football, je suis passionné de storytelling. Et le duel Pauleta-Barthez pour moi est extraordinaire. Déjà, ce qui m’arrange c’est qu’il est toujours à l’avantage de Pedro Miguel Pauleta. Comme le but qu’il a pris contre Roberto Carlos, Barthez se souviendra des buts de Pauleta, qui est en plus un joueur exceptionnel et discret.
Quel est le duel de dirigeant qui t’a le plus marqué ?
C’est les deux monstres que sont Canal + et Bernard Tapie. Il n’y en a plus aujourd’hui de ces duels, ces attaques dans la presse, « On va leur marcher dessus », ça dépassait souvent le cadre du football. Les rassemblements en équipe de France étaient très durs à supporter à cause de cette dualité qui dépassait le cadre de l’affiche PSG-OM, il y avait un antagonisme qui dépassait les limites du fair-play.
Comment vois-tu l’évolution des Classicos aujourd’hui ?
Je suis désolé pour les Marseillais, mais aujourd’hui on est passé dans une autre dimension : on joue Barcelone, Chelsea… C’est mignon Marseille, c’est un peu comme la coupe de France pour eux d’affronter le PSG. Mais ça fait moins vibrer, je pense qu’il y a plus d’animosité dans un PSG-OM qu’on se fait sur FIFA entre potes que dans un match. Donc pour le futur de cette affiche, je souhaite qu’il y ait un généreux mécène qui fasse une équipe de All Stars, et là on parlera. J’aime le football, ce n’est pas parce que je suis supporter du PSG que je veux que l’OM finisse en National. Marseille est une belle ville, c’est une ferveur, un exemple d’identité. Faut être juste. Je souhaite que Marseille existe, mais je suis supporter parisien, j’ai envie qu’on les écrase à chaque fois, ça fait partie du folklore. Mais l’OM et le PSG doivent rester des équipes fortes du championnat, avec l’OL et St-Etienne.
Quel est ton meilleur souvenir de Classico, d’un point de vue personnel ?
Ça sort un peu du contexte de fan, c’était lors d’un tournage, et je fêtais mes 40 ans. Le 15 février, jour du Classico de l’an dernier : je l’ai vécu au bord de la pelouse, sur le toit et un peu partout au sein du Parc. Je faisais un film pour un annonceur du PSG et j’ai vu l’action de Lucas se dérouler sous mes yeux au bord de la pelouse, c’était complètement fou. Ce jour là était particulier. 40 ans dans la vie d’un homme c’est particulier et aussi le jour d’un Classico, j’en ai pris plein les mirettes, comme on dit.
Un pronostique pour le 5 avril ?
Le pronostique est simple pour moi, je jouerais même à Parions Sport, au Loto Sportif et tout ce que vous voulez… Je mettrai 1 000 euros sur Paris, bien évidemment. Je vois une victoire, tout simplement. J’aime bien quand Marseille veut mettre un peu la pression sur nous en disant qu’on va faire le jeu… Mais on va juste les niquer quoi ! Comme d’habitude ! C’est comme l’happy end à l’américaine, et en ce moment l’happy end, c’est le PSG.
Quelle est la vie d’un supporter parisien sans Marseille ?
On sera toujours là, car on est passé dans une autre dimension. Donc je suis désolé pour Marseille, on fait partis des 8 meilleures équipes européennes depuis 2-3 ans, on est au-dessus. Je ne veux pas être méchant ou sarcastique, mais Marseille c’est combien de points l’an dernier en matchs de poule Champions League ? Zéro point ? Nous quand on joue à 10, on élimine Chelsea. C’est comme comparer le baseball US au baseball français un peu. On peut totalement exister sans Marseille. Tu retrouves aujourd’hui le maillot du PSG dans les NikeTown à New York, je pense qu’au niveau des réseaux sociaux on commence à talonner les clubs comme Manchester City. Je ne pense pas que Jay Z et Kanye West aient fait un « Ni**az in Marseille », c’est « Ni**az in Paris » ! On est au dessus de tout ! On a enfin la dimension sportive à l’image de la dimension internationale de notre ville, et ça commence à se voir même au niveau sportif. Regarde le maillot et le survêtement de Marseille, qui a envie de mettre ça dans la rue ? Turquoise, blanc, des bandes de partout… C’est comme un dessin d’enfant qui ne sait pas dessiner. Tu serais beaucoup plus classe en short-claquettes. C’est un peu du stylisme du tiers-monde.