Chronique d’album : Young Thug – I’m Up
En témoigne le départ en fanfare de « F Cancer », Young Thug ne s’embarrasse guère des formules de politesses usuelles. En guise de présentation, il préfère nous gratifier de cette bonne grosse trap dégoulinante comme on l’aime, saupoudrée des gimmicks qui le caractérisent si bien. Et une fois la java terminée, la piste suivante démarre, beaucoup plus calme. « My Boys », lancinant, intimiste et doux apaise l’hystérie provoquée par le titre précédent. Quant à l’enchaînement sans transition des deux, il rend compte de l’état symptomatique de l’ensemble du projet. Aucune cohérence entre les tracks, il s’agit d’une sorte de patchwork musical médiocre de titres individuellement bons. I’m Up dénote plus de la prolificité de l’artiste que de sa capacité réflexive, inexistante sur l’ensemble du projet. Style animalier, instinctif, mécanique « For my people » : Young Thug est une machine à bangers. À la différence qu’il lui est facile d’obtenir le jackpot puisqu’il possède l’algorithme, celui qui le rend systématiquement gagnant. Mais voilà, problème. À forcer comme elle le fait, la machine s’enrayerait-elle? On a vu Thugga plus en forme… Qu’il s’agisse des instrumentales ou des flows, des sempiternels thèmes : chant à la bromance, aux fêtes et à l’opulence de la vie de star ou référence à un personnage célèbre « Hercules », rien d’extraordinaire… Thug ne semble être ici qu’une pâle copie de lui même et les titres « Bread Winners » ou encore « Family » n’arrangent rien. I’m Up n’est finalement qu’une démonstration soutenue sur 40 minutes de l’étendue des capacités du rapper. Une manière pour lui de s’entraîner (son auditeur en guise de sparing partner) avant le vrai combat, Slime Season 3, sorti peu après.