Sasha Lane, nouvelle égérie du ciné indé dans « American Honey »

On connaît la routine. « Tu veux voir quel film ce soir ? »« On m’a dit qu’ American Honey était pas mal ! »« Ah oui avec Shia LaBoeuf. C’est pas le film qui dure 2h43 ?! La flemme » Ne vous laissez pas décourager ! Nous avons la chance de vivre une période d’émulation où les jeunes réalisateurs et documentaristes ont leurs chances et redoublent d’idées créatives, où un film indépendant bien ficelé peut obtenir une belle notoriété et surtout se voir distribuer dans nos contrées longtemps frileuses à l’idée de privilégier des films innovants face aux trop nombreuses comédies lourdes et apathiques refourgués par l’industrie US et FR. 

Rien qu’en ce début d’année, The Fits, Moonlight, ou encore Corniche Kennedy sont les témoins de cette tendance, qui nous l’espérons, durera un moment. En attendant, c’est bien d’American Honey qu’il s’agit aujourd’hui. Un (long) film retraçant le road-trip d’une bande de jeunes parcourant les US pour vendre des magazines. Tombé sous le charme de Shia LaBoeuf – parfois la réalité approche la fiction – Star décide de suivre cette bande loufoque mais pleine de charme, où elle devra faire ses preuves, même sans fibre commerciale. Nous avons eu l’occasion, pendant un temps beaucoup plus limité que 2h43 par contre, d’en savoir un peu plus sur Sasha Lane, que l’on a déjà hâte de revoir dans un prochain film.

Photos : @RickRence

La rencontre avec la réalisatrice

C’est vraiment arrivé naturellement. Andrea Arnold et deux agents de casting étaient à la plage pendant le Spring Break en même temps que moi. Elle m’a remarqué et le moment d’après je rentrais dans une voiture pour passer la semaine avec elle à avoir des conversations improvisées. On a senti toutes les deux que c’était la bonne chose à faire. Au départ, je ne voulais pas faire ça avant de finir ma première année d’université. Ça a été très rapide. Pendant le tournage, j’ai eu des hauts et des bas, je me suis parfois sentie surmenée, il y a eu de moments où je ne voulais pas savoir que je pouvais faire tout ça, parce que c’est effrayant. Mais je ne changerais tout ça pour rien au monde.

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« Non, je n’ai jamais envisagé être actrice ! Mais c’est drôle car si quelqu’un vient me choisir sur une plage, je vais essayer. »

Ta première réaction à sa demande

J’étais prêt de son camion, en train de mettre des valises et je lui ai dit « Juste pour que tu saches, si t’essayes de me tuer, les gens savent ou je suis, n’essayes pas. » Elle me répond qu’elle ne veut pas me tuer, et je lui réponds : « D’accord ». C’est quelque chose que Star aurait pu dire. J’imagine que c’est aussi pour ça qu’elle m’a choisi !

American Honey

Partager l’affiche avec Shia Labeouf

C’était vraiment incroyable ! Je pense qu’il est vraiment passionné. Certains voient cela comme de l’intensité mais je pense qu’il est incroyable et qu’il fait très bien ce qu’il a à faire ; il est prêt à tout. Ce n’est pas facile, tu dois parfois sacrifier tes sentiments et faire les choses avec pragmatisme. C’est quelque chose qu’il fait naturellement. C’était vraiment cool de travailler avec lui, on s’est vraiment bien trouvés tous les deux.

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Pression du premier rôle

Oui j’en ai eu : c’est mon premier film et je dois porter le projet en tant qu’actrice principale. Je pense que la plus grande pression que j’ai ressentie, c’était d’être celle qu’Andrea a imaginé. Il y a toujours cette espèce d’interrogation ; on se demande si elle a choisi la bonne personne. Mais je pense qu’elle est contente. [rires, ndlr]

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Projeter d’être actrice

Non, je n’ai jamais envisagé être actrice ! Mais c’est drôle car si quelqu’un vient me choisir sur une plage, je vais essayer. Et là vient Andrea, de façon hasardeuse. Aujourd’hui, je me fais à peine à l’idée de me dire actrice. Je me considère juste comme une passionnée, quelqu’un d’habité. Être actrice est un bon moyen de sortir ce qu’on a, d’exprimer ses sentiments et de vivre la vie que je veux vivre. Je fais des films pour arriver à ça et connecter avec les gens. Je pense que j’arrive à jouer face à des professionnels car je connais la vie, grâce aux expériences que j’ai vécues malgré mon jeune âge. Je suis sensible aux énergies, aux gens et à mes émotions. Je pense que cela joue, c’est mon style d’être cru, naturelle, tout le monde a des styles différents et celui là est le mien.

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« Comme Star, je me sens naïve dans le sens où je veux voir le bon, la beauté chez quelqu’un, je veux qu’elle soit une bonne personne »

Ressemblance avec le personnage

Je pense que je lui ressemble beaucoup. J’ai joué Star il y a 3 ans, j’étais dans un état d’esprit très différent de celui d’aujourd’hui. Mais à l’époque je me sentais très proche d’elle, au point de ne pas pouvoir dire la différence entre les deux. Comme Star, je me sens naïve dans le sens où je veux voir le bon, la beauté chez quelqu’un, je veux qu’elle soit une bonne personne, et te donner les opportunités pour que tu sois cette personne car les êtres humains sont très compliqués. Je comprends qu’il y ait des tas de facteurs qui puissent jouer là-dedans, mais j’essaie et j’essaie encore. Les gens flippaient en se disant pourquoi Star monte dans ce car, mais tu dois avoir un peu d’espoir. C’est quelque chose de divin. C’est comme si je pouvais ressentir quand il y a un réel danger, et là je deviens sceptique, mais tu dois juste mettre des barrières et tout se passera bien. Je laisse aux gens le bénéfice du doute, mais je préviens qu’il ne faut pas abuser de ma bonté.

Le road trip pendant le tournage

Ce fût vraiment parfait, car les acteurs sont vraiment devenus une famille, on a vraiment construit une relation, on a vraiment chanté ces choses qu’on a chantés dans le van, on a vraiment interagi dans ce van. Cela a aidé à rendre ce film si réaliste. Mais c’était dur aussi : imagine être dans ce van avec un tant de gens, tant de fortes personnalités, toutes mixés ensemble pendant deux mois, c’est beaucoup, c’est fou et chaotique. Tu te disputes parfois mais tu t’attaches, tu apprends à les aimer et tu te dis que vous avez été choisis pour une raison. On aurait manqué quelque chose en ne vivant pas cette expérience, donc cela valait le coup. Ce fût dur, mais magnifique.

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La BO très hip-hop du film

J’écoute plus de hip hop old-school et underground, je veux que ce que j’écoute ait un vrai message. J’aime que notre génération puisse rapper sur des choses sérieuses mais dans un esprit positif. Je ne suis pas vraiment fan de la trap music, sauf dans une phase de détente, mais ce n’est pas quelque chose que j’écoute continuellement. C’est trop pour moi.

Définition d’une American Honey

Quelqu’un de résistante, et quelqu’un capable de voir la beauté dans l’obscurité. Je ne sais pas vraiment, j’ai juste des mots qui me viennent à l’esprit comme ouverte, compréhensive. Mais « résistante » est un bon mot.

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« Si t’essayes de me kidnapper, n’essayes même pas. Je ne suis pas la meuf avec qui je te conseillerais de tenter ça. » – Les premiers mots de Sasha à Andrea Arnold, réalisatrice du film.

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