« EVRY, L’AUTRE CAN », le docu à voir sur la CAN des quartiers
Depuis 2018, le football semble définitivement entré dans la vie de TOUS les Français : Coupe du monde masculine, Coupe du monde féminine, Coupe d’Afrique des Nations… Et CAN des quartiers. Tout a commencé à Évry, avec la CAN Epinetzo, soutenue cette année bien en dehors du 91 par Karim Benzema, Didier Drogba et Benjamin Mendy ou encore Niska, Koba LaD et Sadek. Pendant un mois, à partir des quarts de finale, deux journalistes indépendants sont partis se mêler à la vie des Epinettes et des Aunettes le temps d’une compétition non-officielle pour en tirer le meilleur documentaire possible.
Personne n’est passé à côté : avant-hier, l’Algérie a crucifié le Nigéria dans le temps additionnel et s’est offert une place en finale de la Coupe d’Afrique des Nations. Presqu’un an tout juste après que la France ait gagné la coupe du monde et quelques semaines après que les Bleues soient arrivées en demi-finale de sa version féminine. En France, en 2018 et en 2019, tout le monde a gagné. Même ceux qui ne sont pas professionnels, ceux que l’on ne voit jamais mais qui tous les jours jouent au ballon rond, entre grands et petits, de toutes nationalités : le street-football. Pourtant, cette année a été différente des autres. Les choses ont été vues et faites en grand au travers des « CAN des quartiers » étendues dans tout le pays. À l’origine du phénomène il y a une ville, Évry, et un rassemblement de deux quartiers, les Epinettes et les Aunettes. Bienvenue dans la CAN Epinetzo.
La première fois que l’on en entend parler, c’est via une vidéo ultra-virale sur Twitter. Un joueur inconnu marque et ce sont des centaines de personnes qui accourent sur le terrain pour célébrer. Une dizaine de drapeaux différents sur le dos : Algérie, Mali, Tunisie, Maroc, Nigéria… Les médias généralistes s’emparent du contenu à leur manière, bien connue. On voulait nous aussi y aller, mais n’avons pas réussi à libérer le temps nécessaire pour réaliser quelque chose à la hauteur de nos attentes. Néanmoins la nature fait bien les choses et Tristan Baudenaille-Pessotto et Thomas Porlon, deux journalistes indépendants de France 3 devenus amis, décident de prendre une caméra, un micro, et partir sur le terrain.
C’est avec une approche naturelle, organique, humaine finalement, que les deux compères ont rejoint l’aventure de la CAN Epinetzo : « On s’est dit qu’il fallait qu’on aille voir ça de nos propres yeux, et on a commencé à envisager d’en faire un docu/reportage. J’ai acheté le matériel nécessaire, on a contacté un joueur sur Twitter (Baro dans le reportage), puis le ‘chargé de communication du tournoi’. Le week-end suivant nous étions au bord du terrain comme spectateurs. Nous ne sommes pas originaires d’Évry à la base, on n’y avait presque jamais mis les pieds avant le documentaire. C’est pour cela que nous sommes d’abord venus sans matériel, histoire de rencontrer les gens. Et de fil en aiguille le courant est passé et nous avons été présentés à plusieurs personnes impliquées dans le tournoi. Nous sommes revenus une nouvelle fois au quartier sans tourner une seule image, simplement pour expliquer aux habitants notre projet et qu’ils commencent à s’habituer à notre présence. »
Tous ont compris que dans cette histoire, le résultat était secondaire
L’essentiel pour eux, c’était de ne pas dénaturer l’essence de l’initiative. Se mêler aux habitants, grands comme petits. « Nous avons vraiment aimé le temps passé aux Aunettes ou aux Epinettes, tous les liens que nous avons tissés avec les gars du quartier… Pendant un mois, nous avons été totalement intégré au point parfois de venir toute une journée pour simplement tourner 15min d’images. C’était aussi pour nous une manière de vraiment ressentir la vie de ce quartier très spécial et de mieux le faire ressortir dans le documentaire. » Mais les personnes concernées le savent, dur de s’organiser avec des gens de quartiers, encore plus dans une effervescence locale comme celle que peut générer un tournoi de foot entre dix équipes de dix nationalités différentes. « Ce n’est pas de la mauvaise volonté de leur part, ils étaient d’ailleurs plutôt volontaires mais c’est leur mode de fonctionnement. On a appris à ne pas se fier aux ‘Je te rappelle dans 15min’ ou les ‘Je me douche et j’arrive’. On attendait parfois plusieurs heures pour débloquer un tournage et filmer la séquence qu’on voulait et nous faisions parfois l’aller-retour pour ne rien filmer. Mais ça fait partie du jeu et ça reste au final des bons souvenirs. »
Si la CAN Epinetzo a pu influencer plusieurs autres quartiers dans le reste du pays à, eux-aussi, organiser une réunion semblable, c’est qu’elle symbolise toute la force et l’essence de ce que vivre et avoir grandi dans un quartier signifie et représente. Alors, Tristan et Thomas se devaient de respecter cette ligne de conduite et de la mettre en exergue tout au long du documentaire -c’est chose faite. « La fraternité, le vivre-ensemble et la débrouillardise. C’est tout ça la CAN Epinetzo. C’est vraiment ce qui nous a marqués, loin de l’image que l’on veut bien donner d’Évry. Il y a énormément de respect entre les origines et les générations. Le simple fait qu’il y ait une équipe ‘Reste du Monde’ « multi-ethnique » avec plusieurs pays représentés c’est tout à fait à l’image de cette CAN. Et cela montre aussi et surtout à quel point les habitants ont des choses à montrer. Dans l’organisation, la volonté et l’envie de réussir… Au final, le foot n’était qu’un prétexte à tout cela. »
La bande-annonce du documentaire sort le 5 juillet 2019, teasé par Baro sur ses réseaux. Il s’appelle « EVRY, L’AUTRE CAN ». Twitter fait son travail de plateforme de partage et elle tombe sous nos yeux et sous les yeux du plus grand nombre. La date de sortie est donnée : le 15 juillet. Jour de gloire, de fête et de célébration, car c’est le premier anniversaire de la victoire des bleus en finale de la coupe du monde. Un jour chargé en symbolisme et en espoir pour tous les habitants de quartiers, car c’est autant de Dembélé, de Mbappé, de Pogba, de Kanté, de Fékir et d’autres qui y sont nés, y ont grandi et y ont commencé pour la première fois le football ; encore enfants. « On voulait autant se focaliser sur le quartier en lui-même que sur les matchs de foot. Tous ont compris que dans cette histoire, le résultat était secondaire. Alors, un grand merci à tous les habitants des Aunettes et des Epinettes pour leur accueil. Une mention spéciale aux anciens, Moro, Zuc, Mehjdi, Hollywood, Bambou, Brahima, Moody et tous les autres. Epinetzo c’est carré, les quartiers ont du talent », conclut Thomas.