Les Misérables, celui de Ladj Ly, fait déjà, avant même sa sortie, un tabac viral. Prix du Jury au dernier Festival de Cannes, le film raconte la banlieue et ses fêlures à travers le regard d’un policier, tout juste échoué à Montfermeil. Une chronique de quartier qui gifle, bouscule à l’intérieur.
Photos : @aida_dahmani
« Ce n’est pas trop éprouvant toutes ces interviews ? »
Ladj Ly a l’élégance de faire mine que non, ça va. Son truc à lui, pourtant, c’est derrière la caméra. Ça fait presque quinze ans. Presque quinze ans qu’il met en boîte sa banlieue, avec ou sans la bande Kourtrajmé. C’est pour les siens. Les hors-caste, les ostracisés. Les pas dans le rang, les abîmés. « Les Jean Valjean, les gros barjots ». Les Misérables.
Un jour qu’il filme en douce une intervention policière dans son quartier, Ladj surprend une bavure. Un jeune à peine vingtenaire, rossé dans un hall d’immeuble. C’était en 2008. De là, naît l’inspiration de son premier long métrage. Une fiction brillante aux airs documentaires. Dans Les Misérables, la caméra papillonne des gamins aux baqueux, des grands frères aux religieux, la police toujours en fil conducteur. On fait passer le temps, on se croise. Puis la température grimpe, jusqu’à ce que la cité s’embrase. C’est qu’il aura prévenu, Ladj. Il nous le redit, là, de sa voix tout à la fois douce et grave : l’insurrection est inévitable.
Les Misérables de Ladj Ly, en salle à partir du 20 novembre.