Le vrai visage de Leto

La carrière de Leto parait déjà longue. Pourtant, le rappeur de Porte de Saint-Ouen n’a sorti son premier véritable album, 100 Visages, qu’en 2020 alors qu’il éclate YouTube depuis 2013. Partenaire idéal en featuring, éternelle promesse du rap français, secret le mieux gardé du 17ème arrondissement… Mais aussi, et surtout, pas mal d’autres choses dont il ne parle jamais. On a essayé de comprendre pourquoi.

Leto a donc sorti son premier véritable album, 100 Visages. En 2020, soit sept ans après ses premiers freestyles filmés et le début du séisme que lui, Aero et les autres rappeurs du 17ème arrondissement ont imposé au rap français. Une éternité quand on sait à quel point les choses vont vite aujourd’hui. Alors oui, Leto n’a pas chômé : sur les quatre dernières années, outre des dizaines de featurings, il a quand même sorti sept projets en comptant 100 Visages – trois avec PSO Thug, quatre en solo. Pourtant, on ne peut s’empêcher de penser que tout ne s’est pas déroulé comme prévu, et de considérer toutes ses apparitions discographiques jusqu’à aujourd’hui comme des amuse-bouches. Un problème quand on a faim depuis ses premiers textes crachés sans filtre devant la caméra de Keasy en 2013.

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Il faut peut-être le rappeler : au milieu des années 2010, PSO Thug et XVBarbar embraille le pas de Kaaris et giflent les amateurs de rimes en France avec une trap brute, énergique, sans détail. On s’attend à une déferlante dans les années qui suivent, mais elle n’arrivera finalement jamais. Ou pas aussi forte qu’on l’attendait, en tout cas. Alors que les vues explosent sur YouTube, pas de tournée à travers le France, très peu de concerts de manière générale et pas de véritable album. Pourquoi ?

« Tu me poses la question mais tu sais déjà », nous dit Leto. La carrière du rappeur de Porte de Saint-Ouen se construit autour de hauts et de bas, de fiertés et de déceptions, et d’un parcours pas si linéaire qui pourrait avoir ralenti son ascension. Mais lui « ne regrette absolument rien », et rappelle à tous qu’il a le temps. De grandir, de voir le monde au-delà des limite du 17ème arrondissement de Paris, de peaufiner un rap à la technique cinq étoiles mais au sens parfois redondant. Il n’a jamais quitté Porte de Saint-Ouen et ses briques rouges, et s’est promis de ne pas le faire tant qu’il ne sera pas devenu un exemple, un vrai.

Et tout ça s’explique. C’est en tout cas ce qu’on s’est efforcé de faire en l’emmenant sur les toits de Paris, ville magique qu’il touche du doigt depuis son bâtiment rempli de crachats, pour sa première interview sur YARD.

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