Monsieur Nov, pour l’amour du R&B
Pour faire du R&B depuis plus de dix ans, Monsieur Nov est à la fois acteur, pionnier et témoin de l’évolution poussive du genre en France. Un genre auquel il a juré amour et fidélité, que le succès soit là ou non. Entretien rare avec un convaincu.
Photos : @alextrèscool
La France l’a connu en 2008, avec « Trop Fresh ». Un titre soul, où Quốc Bảo – son vrai nom – fait la cour à une femme, à sa manière. Il impose sa patte et ce personnage du « chinois chauve », à la fois gauche et sympathique, à l’image du jeune homme de vingt-deux ans qu’il était.
De projets en EP, Monsieur Nov a su frayer son chemin et consolider sa carrière, avec Sans Dessus 2 Soul et Groove Therapy, qui lui permettent de s’octroyer la reconnaissance des amateurs français de R&B. Pilier de la discipline dans l’Hexagone, il arbore fièrement ses couleurs et ce fardeau : arrivé à la fin des années 2000, il n’a pas connu la consécration de ses pairs ni les grandes heures du genre en France. Monsieur Nov, c’est un peu un rendez-vous manqué, « un roi sans couronne » de cette époque-là.
Comme d’autres, il aurait pu sombrer dans les méandres de vieux clips nostalgiques et poussiéreux, ou au contraire changer drastiquement de cap musical. Mais notre crooner s’est accroché. Et plus que de la survie, c’est une passion : tant que l’inspiration est là, tout va bien, et son heure arrive, il le sent. Peut-être viendra t-elle avec Evo 3 or, son onzième projet, sorti le 25 septembre dernier en indépendant, à un moment où le R&B semble doucement reconquérir les coeurs du public français.
Au détour d’un long entretien avec ce témoin privilégié de l’évolution du R&B en France, on évoque les cas de Freeze Corleone ou Alpha Wann – avec qui il a d’ailleurs collaboré – : ces artistes jusqu’au-boutistes et droits dans leurs bottes qui ont conquis le public à l’usure, à force de travail et de constance. Après tout, Monsieur Nov c’est ça aussi. Un artiste droit, qui fait ce qu’il aime, et attend de voir « l’univers faire les choses ». Et si le temps lui donnait enfin raison ?