Soso Maness : « J’ai pas de talent inné, mais j’y ai cru plus que les autres »
Près de deux ans après notre rencontre à Font Vert avec Soso Maness, le rappeur marseillais a fait du chemin. C’est peut-être lui qui, de tous, en a fait le plus, passant de rappeur quasi inconnu en dehors des quartiers Nord à personnage phare du rap français. Quelques jours après la sortie de son deuxième album Mistral, attendu et surprenant, on a de nouveau discuté sans langue de bois.
Photos et vidéo : @samirlebabtou
« Alors l’équipe ça va ou quoi ? Moi impeccable, ça purge dans les ténèbres lol. Je fais du sport, le ramadan ça se passe tranquille et surtout j’écris énervé de chez énervé. Quand je sors ils vont tous comprendre, wallah. Je vous laisse mon adresse, envoyez-moi des lettres je répondrai à chacun de vous. Allez faites attention à vous l’équipe, à bientôt.
Adresse : Sofien Manessour
Numéro d’écrou : 181104
Bâtiment B, cellule 2060
Maison d’arrêt des Baumettes, 239 chemin de Morgiou, 13009 Marseille »
En juin 2016, Soso Maness s’adressait à ses fans sur Facebook depuis les quatre murs de sa cellule. Il leur promet qu’à sa sortie, « ils vont tous comprendre ». Il faut comprendre que Soso n’a jamais douté, mais qu’il n’a jamais non plus pensé que la vie lui devait quoi que ce soit. Sofien Manessour ne se pense pas plus talentueux qu’un autre, mais il est persuadé qu’à force de travail il peut se faire une place dans un milieu qui constitue pour lui bien plus qu’une opportunité : le rap lui permettra d’éviter les Baumettes, les « ténèbres », et de trouver la lumière.
Quatre ans après ce message, Soso Maness sort Mistral, son deuxième album après Rescapé. Entre les deux sorties du rappeur des quartiers Nord de Marseille, il y a un formidable bond en avant : l’artiste a travaillé, progressé, et se donne les moyens de ses ambitions pour proposer un projet varié, complet, original. À son image. Après notre On The Corner au coeur de Font Vert publié fin 2018, Soso a senti qu’une opportunité s’offrait à lui et s’est rendu omniprésent en passant devant les caméras de tous les médias qui lui offraient une tribune. Et à chaque fois, il gagnait une poignée de nouveaux auditeurs potentiels, séduits par ce Marseillais à la langue bien pendue.
Il savait qu’ils n’avaient jamais écouté sa musique, qu’ils appréciaient son franc-parler, mais lui voulait les rendre curieux. Parce qu’il savait que le vent allait tourner, et que Mistral aurait les arguments pour les convaincre. Aujourd’hui, le rappeur a gagné le respect de ses pairs, du public rap, et de l’ensemble des personnes qui lui ont un jour fait confiance en travaillant avec lui. Parce qu’il n’a jamais rien lâché, qu’il a redoublé d’efforts pour honorer le boulot de tous ceux qui ont participé à son ascension, il peut, exténué en quittant Paris dans un TGV qui la ramène vers la citée Phocéenne, enfin se reposer avec le sentiment du travail accompli.